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L'inconnu du Grand Canal ( Beastly Things ) - Points Policier n°P4225Donna Leon !
Chaque fois que je lis son nouveau roman annuel, j’ai le sentiment de tenir en main le meilleur de la série. J’attends la sortie de ses livres en poche avec impatience chaque mois de janvier. Je les ai tous lus, relus certains, en relirai encore, avec le même plaisir.
J’en aime l’ambiance si particulière. Cela s’explique sans doute par mon attirance pour la culture, la politesse et la cuisine italiennes et c’est un des mérites de l’auteure américaine vivant à Venise, de réussir à évoquer ces choses et ces sentiments sans faire de faute, comme si elle était de pure souche vénitienne.
Au fil des années et des livres, je me suis attaché aux personnages récurrents : Guido Brunetti, son épouse Paola, ses enfants qui portent des jugements à géométrie variable sur le monde qu’ils découvrent, le doux Vianello, l’impeccable signorina Elettra, Rizzardi, Bocchese … Et puis il y a la bêtise effarante d’Alvise ou l’extravagance et le détachement du vice-questeur Patta, plus préoccupé par le fait de ne pas déplaire aux autorités de la ville que par autre chose …
J’apprécie l’humanité qui transparait de la personnalité de Brunetti, une qualité que l’on retrouve aussi chez Vianello.
Dans ce roman comme dans les autres, Donna Leon ne rate pas les occasions qui se présentent d’égratigner ( et pas un peu ) les politiciens italiens ni de faire référence à l’écologie en dénonçant la pollution de la lagune, les invasions de paquebots aux multiples étages, les touristes qui, s’ils font aussi vivre la ville, ne semblent souvent préoccupés que d’y voir ce qui est célébré dans les guides sans pour autant, pour la plupart, essayer de pénétrer l’âme des lieux comme celle des gens. Beaucoup de choses qui détruisent la sérénissime …
Et comme toujours, le moteur des turpitudes des coupables du crime raconté est bien entendu la cupidité. Une cupidité d’autant plus repoussante qu’elle donne naissance à des trafics nauséabonds néfastes à la santé publique. Dans ce livre-ci, on aborde le scandale de la viande impropre à la consommation et le chapitre consacré à l’abattoir est hallucinant …
Les amateurs de Donna Leon qui n'ont pas encore lu ce livre ne seront sans doute pas déçus.
Petite anecdote linguistique. J’ai découvert dans la traduction française un mot que je ne connaissais pas et que je n’ai trouvé ni au Larousse, ni au Robert. Procastriner. Il est référencé sur internet ( site le dictionnaire ) non comme verbe mais comme étant un adjectif masculin singulier ( procastriné ) qui signifie ironiquement remis au lendemain … On en apprend tous les jours !
Cela m’a fait sourire et penser à l’Angleterre où il est plutôt courant de se demander pourquoi faire aujourd’hui ce que l’on peut faire demain.
Et bien maintenant, j’attends donc janvier 2017 pour la sortie du prochain poche de Donna, déjà sorti bien entendu en grand format …