Le Chant de l'Assassin
Livre de Poche n°35730
Titre original Mockingbird Songs
Traduction Claude et Jean Demanuelli
569 pages


J'ai adoré ce roman. Littéralement dévoré.
J'aime les livres de R.J. Ellory, je l'ai déjà écrit, et celui-ci est un bien beau jalon de la série, passionnant de bout en bout, avec des personnages forts, une histoire solide qui tient la route et un décor qui va bien avec.
Ellory raconte la quête d'une vérité cachée depuis des années par toute une petite ville du Texas, Calvary, à l'est du Pecos, là où se sont joués des drames dont les auteurs aimeraient bien qu'ils demeurent enterrés et oubliés...
Mais c'est sans compter sans la droiture et la persévérance d'un gamin qui a fait une promesse avant de sortir du pénitencier agricole du comté de Reeves, une promesse à une ancienne star du country qui en a pris pour perpétuité et qui a protégé le gamin des dangers du lieu pendant les trois ans qu'il a dû y passer après avoir blessé une dame par accident par une balle qui a ricoché sur un tonneau, un jour où il avait bu et avait cru malin de tirer sur le dit tonneau...
C'est un grand livre sur la fidélité à une parole donnée quels que puissent être les dangers à affronter.
Un livre aussi sur la confiscation du pouvoir local, sur les magouilles financières et surtout sur des faits passés horribles auxquels ont été mêlés ce qu'on appelle les notables d'une petite ville...
En lisant ce livre, le lecteur à la sensation d'être réellement plongé dans le milieu décrit, d'en être un acteur inactif mais observateur tant l'auteur a du talent. On y est en effet près du Pecos, sur la terrasse au plancher de bois devant la porte moustiquaire ou dans la poussière des petits chemins agricoles, là où dévalent les
tumbleweeds poussés par la brise, là où se cachent les crotales sous les pierres...
On "voit" les images décrites, on "ressent" les atmosphères, les ambiances ...
"(...)
Je me demande bien où tu vas chercher tout ça, dit Warren à son épouse. Tu passerais pas trop de temps à lire ces feuilles de chou genre True Detective
au salon de coiffure ? (...)" p.410
En lisant cette phrase, je n'ai pu m'empêcher de penser à une séquence du film
Mississippi Burning d'Alan parker avec Gene Hackman...
Le Chant de l'Assassin est bien entendu un livre noir, même si les décors ne le sont pas, dur, un thriller envoûtant, prenant dont on veut connaître la fin, absolument.
L'écrivain sait cependant alléger son propos quand il le faut par des dialogues, des images encore ou des paragraphes d'où l'humour n'est pas absent :
"(...)
Le mariage n'avait pas réussi à Clarence Ames. Il avait un goût prononcé pour l'alcool et les cartes, elle avait une façon bien à elle de faire connaître sa désapprobation sans jamais prononcer un mot. Elle s'appelait Laetitia Redmond, une des Redmond de Langley, de l'autre côté du Pecos. Les femmes de Langley disaient volontiers des hommes de Calvary qu'ils n'avaient rien dans le ventre. Ces derniers leur rendaient la monnaie de leur pièce en disant des femmes de Langley qu'il leur manquait une case.(...)"p.368
La couverture du livre fait plus penser à une ferme dans la campagne anglaise qu'à une autre au Texas mais ce n'est pas bien grave parce que les pages qu'elle introduit sont de qualité exceptionnelle...