C'est exact cher Jean-Luc, j'éprouve beaucoup de sympathie pour Willy Bourgeois qui était un humaniste, un grand journaliste et un non moins grand écrivain. Il y en a beaucoup parmi les auteurs MJ qui pouvaient ou ont d'ailleurs écrit bien d'autres choses encore.
Tous les MJ écrits par lui sont excellents au niveau du sujet, de la manière de le traiter, de l'étude des caractères ( une constante chez lui ), de la qualité du style...
Il habitait ma ville, en était une figure comme on dit. Il était professeur et une plume d'un grand journal.
Il avait d'abord assuré pendant des années après la guerre, des pages importantes de
L'Indépendance ( comme je l'ai écrit le journal de gauche - la gauche de l'époque, pas l'ersatz actuel - que lisait mon père).
Lorsque son journal avait été absorbé par des gens qu'il n'appréciait pas, il avait été recruté par un autre grand quotidien de la place ( il y en avait plusieurs à l'époque, c'est fini aujourd'hui, il en reste un qui ne s'intéresse pratiquement qu'aux faits divers et à ce genre de choses ) dirigé à l'époque par un rédacteur en chef intelligent qui avait su percevoir le talent qu'il avait en lui pour lui confier un espace quotidien en première page.
La plupart des gens d'ici lisaient tous les jours ses rubriques
Entre nous, signées
Fantasio ( et nous ignorions, quelques intimes mis à part, qui était ce Fantasio-là ), des textes pleins d'humour et de justesse d'observation.
En voici un exemple ( j'en possède encore toute une série que nous avait donnée à copier sa fille ) :
C'était très dur comme travail comme nous l'avait raconté cette dernière lors d'une rencontre pour mon livre. Il fallait assurer, pas question de sauter un jour. Il devait trouver des sujets TOUS les jours, lire tout, la rubrique ne s'arrêtant jamais ... Notre Willy Bourgeois travaillait dur, ses manches de chemise étaient constamment tâchées d'encre...
Il avait beaucoup d'humour. A la fin de la guerre ( il avait rejoint la Grande-Bretagne pour combattre les nazis ) lorsqu'il fut démobilisé, il envoya un télégramme à sa famille pour la prévenir de son retour en écrivant : ...
Je dînerai à la maison...
Mon ami Claude de l'Age d'or ( dont le magasin est situé à deux pas de la Rue d'Angleterre où M. Bourgeois et sa famille habitaient ) m'avait dit un jour que notre écrivain lui avait vendu de magnifiques livres consacrés à la franc-maçonnerie, une autre activité et un domaine que forcément Willy Bourgeois connaissait bien. Il était d'ailleurs passionné de philosophie et avait même repris des études sur le sujet à la fin de sa vie.
J'aime beaucoup ce grand monsieur et regrette de ne pas avoir été son élève ni de ne pas l'avoir connu personnellement.
D'autant plus que je l'ai sans doute à l'époque croisé en ville sans le savoir...
Voici une de ses photos que nous avions utilisée avec L'Age d'or pour mon livre :