Pierre Pélot et les Westerns chez MJ...
On ne présente plus Pierre Pélot..
Chez Marabout junior, l’idée était venue dans cette seconde partie des années soixante, de publier des romans adoptant le thème du Western.
C’était une nouveauté pour la collection dédiée jusque-là, outre à Bob Morane et Nick Jordan, aux récits de guerre, aux fresques historiques, aux reportages, à l’aventure ou aux explorations.
L’époque voyait un regain d’intérêt pour le genre, notamment au cinéma, avec le succès des films dits spaghetti et à leur figure de proue, le talentueux Sergio Leone qui proposait des films de qualité, spectaculaires et bien conçus, interprétés par des acteurs dont quelques-uns allaient devenir des monstres sacrés ( Clint Eastwood ) et reposant sur de magnifiques musiques. Composées par Ennio Morricone, notamment…
L’intérêt pour le Western était donc bien réel.
Dans la série, il y a quelques livres qui se détachent de l’ensemble. Ils sont publiés par un jeune auteur de grand talent, découvert par la Directrice éditoriale de la maison. Pierre Pélot… Six romans rien que pour l'année 1966, un septième en 1967...
Les romans de Pélot sont très bien écrits et les thèmes abordés sonnent justes.
L’auteur fait preuve d’un indéniable talent pour décrire l’Ouest, ses grands espaces, sa faune, sa flore, la prairie ou les forêts denses hantées de tribus indiennes et de trappeurs qui ne font qu’un avec la nature. Grandiose.
Si les sept livres disponibles en junior sont remarquables, certains parmi eux marquent par leur force, la densité des récits et des images qu’ils évoquent.
Parce que l’écrivain privilégie toujours le rapport humain dans ses écrits, il insère dans la trame de ses narrations quelques personnages particulièrement attachants, parce qu’humains et attentifs au monde encore vierge qui les entoure.
Malheureusement, comme toujours, il y a aussi ceux qui ne traversent la vie que pour s’enrichir ou accéder au pouvoir même si c’est au détriment des autres, de ceux qui étaient là avant eux ou de ceux qui n’ont pas la même couleur de peau.
La Piste du Dakota débute après la guerre de sécession qui avait vu l’effondrement des états du sud et enfin ( mais rien n’allait vraiment changer avant longtemps ) la mise hors-la-loi de l’esclavage. L’économie de cette partie du pays était ruinée, les terres n’étaient plus cultivées depuis trop longtemps et les domaines dévastés ou plus entretenus.
Des milliers de têtes de bétail s’en trouvaient affamées alors que dans le nord de grands espaces herbeux étaient disponibles.
C’est cette migration que raconte le roman avec ses inévitables drames, la rencontre de mondes différents qui n’arrivent pas vraiment à se fondre en un seul de par la volonté de certains qui ne comprendront jamais le sens du mot humanisme…
Mais l’homme est ainsi fait qu’il s’approprie ce qu’il désire, à n’importe quel prix, fût-ce à celui de priver de liberté et, en fin de compte, de vie des animaux qui ne souhaitent que suivre leur destinée sauvage comme
Black Panache…
Et puis il y a la gigantesque fourberie. Celle qui a vu les Etats-Unis repousser toujours plus loin, sous couvert de traités fallacieux et d’escroqueries ( en Oklahoma ils ont eu une surprise puisque là il y avait du pétrole… ) vers des réserves arides, les tribus indiennes dont les territoires étaient convoités par les arrivants. Et cela jusqu’au jour où l’homme rouge, comme ici un clan Ute, relève la tête et dit non et ce sera
Comme se meurt un soleil…
La Longue Chasse,
La Tourmente ( et la guerre des Séminoles alliés aux esclaves noirs en fuite en Floride ) … Tous ces romans montrent ce monde de l’Ouest avec justesse et précision par le truchement de mots qui sonnent vrais…
Les Croix de Feu sont bien entendu un beau réquisitoire contre le racisme primaire et la bêtise et sans doute aucun, l’un des grands moments de la série…
Dans la foulée, Marabout Géant publiait en 1967 le G276 réunissant une série de nouvelles du même auteur sous le titre
De Soleil et de Sang, et puis arriveront les
Pocket et une autre réussite de Pélot,
Dylan Stark…
Faut-il encore l'écrire, les couvertures de Pierre Joubert sont à nouveau remarquables...
La Piste du Dakota
Pierre Pélot
MJ n°319 - 1966
Couverture : Pierre Joubert
Illustration : une carte
Marabout-chercheur : Les Amérindiens du Nord
Black Panache
Pierre Pélot
MJ n° 323 - 1966
Couverture : Pierre Joubert
Illustration : une carte
Marabout-chercheur : Les étalons-rois
Comme se meurt un soleil
Pierre Pélot
MJ n° 329 - 1966
Couverture : Pierre Joubert
Illustrations : une carte + des illustrations tirées d'une gravure de Frederic Remington ( 1861-1909 ) : "La charge vers le soleil"
Marabout-chercheur : Comment s'éteint une race
La longue chasse
Pierre Pélot
MJ n° 333 - 1966
Couverture : Pierre Joubert
Illustrations : une carte + un rifle dessiné en tête des chapitres
Marabout-chercheur : Le grizzly
La tourmente
Pierre Pélot
MJ n° 341 - 1966
Couverture : Pierre Joubert
Illustrations : une carte + un dessin de Hermann page 4 de couverture
Marabout-chercheur : Les Séminoles + un glossaire
Les Croix de Feu
Pierre Pélot
MJ n°347 - 1966
Couverture : Pierre Joubert
Illustrations : une carte + un dessin de Hermann page 4 de couverture
Marabout-chercheur : K.-K.-K.
La Nuit du Diable
Pierre Pélot
MJ n° 349 - 1967
Couverture : Pierre Joubert
Illustrations : une carte + un dessin de Hermann en page 4 de couverture
La mention Marabout-chercheur a disparu mais il y a un texte en fin de volume : La reine herbe et la guerre du barbelé

Les deux premiers qui montrent une photo de Pierre Pélot mis à part, chaque livre comporte une illustration et un texte en page 4 de couverture. Même si son nom n'est mentionné qu'a partir de
La tourmente, on peut supposer que ces dessins sont tous du crayon de Hermann.
Et donc, le G276 :
