Décès d'Abbas Kiarostami

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jean-luc
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Décès d'Abbas Kiarostami

Message par jean-luc »

Le cinéaste Iranien Abbas Kiarostami vient de disparaitre à l’âge de 76 ans, laissant derrière lui une œuvre admirable et personnelle, menée avec courage et opiniâtreté face à la censure. Une filmographie riche et de grande qualité qui marquera à jamais l’histoire du 7ème Art.
Abbas Kiarostami a débuté sa carrière dans les années 70 en réalisant de nombreux courts-métrages où s’exprime déjà son sens extraordinaire de la mise en scène. Ces petits films ont été tournés au sein du département cinéma de l’Institut pour le développement intellectuel des enfants et jeunes adultes. Ce fameux « Kanun » dont il a posé les bases et qui a permis l’éclosion de nombreux cinéastes iraniens.
A la fin des années 70, après la révolution iranienne et la décision de l’Etat de créer un cinéma « pur » et débarrassé de toute « vulgarité », Kiarostami décide de rester dans son pays. Son cinéma, dorénavant, bravera les interdits.
Ainsi débute une carrière, jalonnée de chefs-d’œuvre (« Close-up », « Où est la maison de mon ami ? », « Et la vie continue », « Au travers des oliviers », « Le vent nous emportera », « Le goût de la cerise », « Ten »…) qui lui valent la reconnaissance unanime de la critique internationale et un succès populaire exceptionnel et mérité.
Ce cinéma, fortifié par la censure, est marqué par ce mélange subtil entre fiction et réalité qui caractérise les réalisations de Kiarostami. L’Etat réprouve ses films, les jugeant « insuffisamment « islamiques », quoique la réprobation institutionnelle soit rendue difficile par la renommée grandissante du réalisateur.
Kiarostami part, le plus souvent, d’un scénario minimaliste qui tient en quelques lignes et dont il tire la quintessence avec talent. Il en est ainsi du « Goût de la cerise » (Palme d’Or 1997), dans lequel un homme suicidaire, au volant de sa voiture, se met en quête de quelqu’un pour l’aider à mourir. Ce qui nous vaut quelques rencontres où le drame côtoie l’humour. La philosophie n'est jamais loin non plus,une "philosophie du peuple" frappée de bon sens. Un film courageux si l’on sait que suicide est non seulement interdit en Iran mais qu’il est également interdit d'aborder le sujet.
Kiarostami tournait en général avec des comédiens non professionnels. Dans « Le Vent nous emportera » (mon « Kiarostami préféré »), une troupe de journalistes documentalistes investit un village kurde dont les habitants sont les véritables« vedettes » de ce long-métrage.
Les enfants sont souvent les protagonistes de Kiarostami. J’en veux pour preuve l’excellentissime « Le Ballon Blanc » dont il a écrit le scénario. Réalisé par Jafar Panahi, c’est un petit bijou d’inventivité, de drôlerie et de poésie. A voir séance tenante !
« La situation politique est telle que la possibilité même d’y travailler parait très compromise. Et je ne sais pas, franchement, si ce sera possible à l’avenir » déclare Abbas Kiarostami en 2009. Sa carrière se terminera ainsi à l’étranger. Il y tournera quelques films plus impersonnels (« Copie conforme », « Like someone in love ») qui tranchent vraiment avec le reste de son oeuvre.
Entre fiction et réalité, entre vie et mort, valorisant l’esthétique et la poésie, bravant les interdits et les codes, s’affranchissant des cadres traditionnels, le cinéma de Kiarostami ne peut laisser indifférent. Alternant le tragique et la comédie, chacun de ses films apporte un souffle nouveau sur le cinéma des années 90. On peut considérer Abbas Kiarostami comme le déclencheur de cette Nouvelle Vague Asiatique, en provenance d’Iran, mais aussi de Hong-Kong, de Taïwan… qui a révolutionné le 7ème Art à cette époque.
Très grand amateur de (bon) cinéma, j’avoue que c’est Abbas Kiarostami qui m’a fait découvrir cet autre cinéma, originaire d’Asie, d’Afrique, d’Amérique Centrale et du Sud. Ce cinéma, le plus souvent ignoré des médias, mais qui a sa place sur les écrans par sa qualité, sa hardiesse et le souffle nouveau qui brise un peu le « ronron » du cinéma occidental !
Abbas Kiarostami s'en est allé « au travers des oliviers » « Et la Vie continue »… mais il restera, pour toujours ,ses films à voir et revoir.
Un cinéaste majeur qui, vous l’aurez compris, est pour moi l’un des plus grands dans la longue histoire du 7ème Art !

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cachi
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Re: Décès d'Abbas Kiarostami

Message par cachi »

Un grand assurement et un brave!
Apres, il avait beaucoup d'amis chez les barbus Iraniens qui savent que l'art est au dessus de tout!
L'Iran c'est la Perse eternelle comme le cinema d'Abbas :D

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