You can't stop the Music playin'on ( ou petit voyage dans no

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Guy Bonnardeaux
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You can't stop the Music playin'on ( ou petit voyage dans no

Message par Guy Bonnardeaux »

You can’t stop the Music ( playin’on ) est un morceau des Kinks sur l’album Soap Opera


1. In The Beginning
On The Threshold of A Dream, album des Moody Blues


Je suis né en 1950 dans un petit pays surréaliste qui, à mon grand étonnement, au moment où j’écris ces lignes, s’appelle encore la Belgique, ci-devant pays de cocagne devenu une nation en déclin par le fait de l’imbécillité de certains comme peut-être de l'absence de volonté à leur résister chez certains hommes d’état …

A l’instar de tous les baby-boomers, ce qui venait d’Amérique était pour moi fascinant : les superbes, longues et rutilantes voitures ; les pin-ups ; les jeans ; le cuir ; le cinéma … Dans mon esprit enfantin, naïf et rêveur comme il se doit, tout ce qui brillait, tout ce qui était beau, moderne, clean, ne pouvait provenir que d’Amérique. La vie, les voyages, le vécu sur le terrain, montreront au fil des ans qu’il y a une marge entre un idéal imaginé, magnifié et la réalité de tous les jours … Mais je n’étais pas le seul à nourrir des illusions :

« Dans l’imagination de chacun de nous, l’Amérique était le pays de la jeunesse. L’Amérique avait des teenagers alors que partout ailleurs il n’y avait que des gens. »
John Lennon, 1966

Musicalement, très jeune, le jazz m’attirait, comme ça, sans explication ni introduction, à l’oreille en écoutant la radio – chez moi à l’époque il n’y avait pas encore de tourne-disques, on disait pick-up en ce temps-là – qui diffusait beaucoup les big bands, les disques de Benny Goodman, Glenn Miller, Count Basie, Tommy Dorsey, Harry James ou Cab Calloway ( ah celui-là, ses costumes et ses Hi Dee Hi Dee Ho ! .. Everybody eats when they come to my house, have a salami, Jimmy ! etc … ).

J’aimais aussi, déjà, ce que la critique avait défini par New Orleans ou Dixieland genres représentés par Armstrong, King Oliver. Ou par le génial Bechet avant qu’il ne traverse l’Atlantique après avoir, selon la rumeur, tiré au revolver sur un rival amoureux … Je découvrirai plus tard le style Chicago avec Bix Beiderbecke, Mezzrow, Ladnier …

Glenn Miller était privilégié par les animateurs radiophoniques, la fin de la seconde guerre mondiale n’étant pas si loin et les souvenirs des adultes encore bien frais. Mon père, musicien, interprétait souvent In The Mood, un morceau que j’adorais pour sa ligne mélodique, ses breaks, ses changements de rythme, ses retours à la ligne de départ, l’impression que la musique ne s’arrêterait jamais parce que l’arrangeur l’avait intelligemment prévu ainsi pour l’enregistrement … Un standard qui a pris une autre dimension encore quand j’ai pu voir le film hommage avec James Stewart.

Tout cela restait néanmoins feutré, conventionnel, lisse, sans danger pour l’ordre établi. Et si aujourd’hui, j’aime encore ce jazz-là, j’ai, c’est heureux, découvert et adhéré au fil du temps à bien d’autres choses que Moonlight Serenade, et à des créateurs géniaux qui tout en mettant à mal la tradition, ont inventé des musiques, ont donné à la blue note ses véritables lettres de noblesse en proposant un art musical vivant, attachant, interpellant, revendicatif parfois, coup de poing aussi, jamais inintéressant. Il faut d’ailleurs admettre que comme cela va se passer avec le Rock’n Roll et la suite, la culture blanche avait puisé et pas mal « sucré » l’idiome d’origine au détriment du musicien noir même si en fin de compte, ce pillage a permis, juste retour des choses, la diffusion internationale des musiciens afro-américains eux-mêmes.

J’ai reçu une bonne formation musicale : cinq ans d’académie, solfège, théorie, clarinette, membre d’une harmonie … mais sur le moment, tout cela ne m’intéressait pas vraiment. Je le vivais relativement contraint et forcé, même si je me dis maintenant que cela m’a quand même apporté quelque chose. J’avais d’autres envies. La preuve : je n’ai plus de clarinette mais un piano, synthé et deux guitares …

Un beau dimanche après-midi de 1956, comme chaque semaine à cette époque des cinémas de quartier, j’ai accompagné mes parents, intéressés par la projection qui faisait courir les foules un peu partout dans le monde, à la salle obscure locale. Elle était pleine à craquer, nous maintenant debout entre les travées. Le film m’a profondément marqué et m’a montré pour la première fois une autre Amérique, que je ne soupçonnais pas, celle de l’intolérance, de la violence, de l’incompréhension entre générations, du refus de reconnaître au jeune sa place de citoyen. Rebel without A Cause – la fureur de vivre – de Nicholas Ray mettait en vedette un acteur extraordinaire dont le jeu n’avait plus rien à voir avec les Gary Cooper, Robert Mitchum ou John Wayne, un acteur qui savait parler, qui ne portait pas de colt, ne roulait pas des épaules mais qui dégageait un charisme fabuleux : James Dean. Très rock sans pourtant être musicien. Je suis sorti de la salle très impressionné. On peut le comprendre, à sept ans ! Mon père lui n’avait pas aimé, il en voulait à Dean d’avoir malmené son père dans la séquence du thé renversé. Moi, je n’avais envie de malmener personne mais j’estimais que Jim Stark avait eu raison, face à l’attitude de chiffe-molle de son géniteur.

L’histoire qui était contée, les bandes, l’université, le blouson rouge du héros ouvert sur un tee-shirt blanc montrant les traces – légères – d’une bagarre, ce jeune homme qui ne demande qu’à se faire des amis et à s’intégrer dans le monde jeune de sa ville, la course à la mort des voitures, Platon, la belle Nathalie Wood … tout avait sérieusement ébranlé le monde bien mis dans lequel j’avais évolué jusque là, me faisait sortir de mes petits cahiers bien nets, des rangs de l’école, des idées générées par d’autres pour réguler un monde dans lequel ma naissance m’avait propulsé. Sans pour autant – cela viendra plus tard – contester ni remettre quoi que ce soit en question, il me paraissait que ce film était une belle brique lancée dans la vitre de cet immeuble tout préparé que nous proposait d’occuper la société du temps, à la suite de nos prédécesseurs. C’était un bol d’air, rafraîchissant. On y montrait que ce que pensait les parents n’était pas forcément la vérité. Quand, adolescent, je l’ai revu, il n’avait pas pris une ride et de nos jours, après tant d’années il me plaît encore. Et j’ai beau jeu de me dire que ce que l’on reprochait à Stark, Buzz et les autres n’étaient que peccadilles par rapport au monde effrayant dans lequel on nous enfonce par lâcheté, par peur de prise de décision, par démission de l’éducation et par laxisme.

Quand ce film est sorti, nous étions toujours un peu dans l’époque de la reconstruction d’après-guerre. C’était la relance et le re-développement de l’industrie. Chez nous, pays du charbon et de l’acier, c’était encore les débuts de l’immigration – essentiellement italienne – pour le travail, le monde changeait, les esprits s’ouvraient à d’autres cultures, sans anarchie ni volonté d’imposer de nouvelles traditions, points de vue, modes de vie ou cultures différentes. Il faut le reconnaître, la loi était la loi et il était hors de question de ne pas assimiler les principes régissant le pays accueillant. D’ailleurs, la question ne se posait même pas. Tout le monde vivait en bonne intelligence. J’habitais ce que l’on nommait chez nous un coron. Il y avait des Belges wallons, des Flamands – moi, je suis un mélange des deux, ça aide - des Allemands anti-nazis réfugiés de la guerre, des Italiens, des Grecs, des Polonais, des Yougoslaves qui avaient fui Tito et les communistes … Tous ces gens vivaient en bonne intelligence, nous les gosses jouions entre nous, les uns apportaient leurs cuisines, leurs rêves et leur nostalgie aux autres … C’était un monde idéal si ce n’est que les revenus financiers étaient peu élevés, les voitures rares, les déplacements longs, l’hygiène pas terrible. Certains vivaient dans deux pièces, une cour sans égout rassemblait vingt ménages avec plein d’enfants. Et pourtant on riait, on s’amusait, on se querellait pour des vétilles, et puis on se réconciliait, on se saluait à nouveau et surtout on s’entraidait. Un petit peuple plein de diversités qui apportait le soleil dans la relative tristesse du temps. Je me souviens d’un vieil Italien merveilleux que nous les gosses visitions pratiquement tous les jours. Il vivait dans un réduit, entre quatre murs tapissés de dizaines de mandolines et de guitares qu’il fabriquait de ses propres mains … Je revois aussi cette gentille et rigolote mamma napolitaine qui pétrissait sa pâte à spaghetti à longueur de journée, entourée de notre marmaille avide et pourtant bienvenue …

C’était aussi une époque bouillonnante sur le plan social. Les usines prospérant à nouveau, les syndicats étaient puissants car ils regroupaient de très nombreux adhérents. Les mouvements revendicatifs comme les grèves étaient nombreux et s’ils ont affaibli en partie le système au fil du temps, ils ont aussi contribué sans contestation aucune à faire progresser le niveau de vie de tous : on avait enfin les moyens d’acheter un pick-up, un frigidaire, d’aménager une salle de bains, une cuisine, plus tard la télé, etc … Même le prolétaire pouvait espérer faire des études, aller en vacances, pas loin, mais y aller quand même …

Le confort matériel est arrivé petit à petit et l’ouverture sur le monde, les lectures, les études, les idées ont inversé la tendance. Nous sommes devenus en grandissant des contestataires sur fond de musiques fabuleuses, de besoin de vivre intensément, de désirs, de guerre du Vietnam … Mais c’est toute une histoire qu’il faut prendre le temps de raconter …

…Je suis, je pense que je suis, donc je suis, je pense ...
Texte dit par Graeme Edge sur l’album des Moodies mentionné ci-dessus.

Au fond, c’était cela l’âge tendre : beaucoup de questions, de rêves, d’espoir. Sans véritable réponse : le narrateur dit je suis, je pense donc je suis, dès lors je suis, je pense … Le jeune se posait ces questions car il ne prenait pas pour argent comptant ce qu’on voulait bien lui dire, lui enseigner, l’os qu’on acceptait de lui donner à ronger. Il s’interrogeait sur lui-même, sur sa place dans le monde et son avenir … Et par là, il ne pouvait que se révolter contre l’hypocrisie ambiante, les inégalités, le racisme – nous étions à l’époque de la lutte des Noirs américains pour l’intégration – et toutes les tares d’une société qu’il jugeait étriquée. Mais l’establishment veillait, jaloux de ses pouvoirs. Un establishment qui dit avoir des dossiers sur tout le monde depuis des générations et que nous ne sommes que de l'encre magnétique...

Quoiqu’on fasse, nous sommes des numéros manipulés par le système, par l’obligation de rentrer dans le rang, de s’intégrer si l’on veut survivre et prospérer. Pourtant l’homme résiste ou tente de le faire, il s’insurge contre le fait de n’être qu’une trace d’encre sur le grand listing de contrôle :

Je suis plus que cela, je le sais, au moins je pense que je le suis

Au départ il clame qu’il est plus que cela, qu’il le sait et puis il doute : du moins je pense que je dois l’être …

La petite voix intérieure qui nous habite, représentée ici par le narrateur, lui redonne confiance, l’encourage :

… ça les agace de croire que tu te rends compte qu’ils tissent une toile autour de toi et que tu continues à penser librement …

Tout est dit. Ce disque date de 1969. Rien n’avait donc réellement changé, il fallait continuer la lutte des idées …

La musique a de tous temps été un formidable vecteur pour exprimer la révolte, la joie, l’amour, l’espérance. Le baroque, l’époque classique, le romantisme ont reproduit en notes et en orchestrations les images, les revendications parfois, les douleurs – Chopin et les malheurs de la Pologne – que ressentaient les compositeurs du temps et nous y reviendrons parce qu’ il n’y a pas de frontière en musique : il y a la bonne et l’autre.

Le Blues dénonce une condition de vie pénible, la désespérance de l’exploité ou le mal d’amour d’un individu. A l’origine musique de danse, de bordel, de speakeasies, le jazz devient cri de révolte contre l’injustice, le racisme, les inégalités par le truchement du Be-bop, du Free, de la New Thing. Miles Davis, Sunny Murray, Archie Shepp célèbrent l’Afrique, mère patrie respectable et dédaignée par la bêtise du petit blanc, tout au long de grands albums lyriques. Le Rock de défouloir qu’il était au départ s’est lui aussi transformé et son évolution orchestrée par quelques génies en a fait un idiome de révolte même si au fond chaque musicien tient d’abord à la célébrité et à faire de la tune. Cela n’empêche pas de véhiculer des idées.

C’est une promenade dans toutes ces musiques qui me passionnent toujours, ces mouvements qui ont laissé des traces indélébiles que j’aimerais partager avec vous dans une série d’articles que je mettrai sur ce forum, pour autant que cela intéresse le plus grand nombre, bien évidemment…

( à suivre )
Modifié en dernier par Guy Bonnardeaux le dim. 24 août 2014 08:34, modifié 10 fois.

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Guy Bonnardeaux
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Message par Guy Bonnardeaux »

sorry je n'ai pas réussi à glisser dans le texte les pochettes de disques qui accompagnaient l'article. J'ai un problème avec mon système.

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aristide hergé
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Message par aristide hergé »

Alors là, il m'épate, Guy, il m'épate ! :shock:
Quelle richesse dans ces souvenirs, et comme ils sont bien racontés !

Bravo, Guy, et vivement la suite ! :cheers:

Tiens, c'est rigolo, j'avais réécouté il n'y a pas longtemps cet album des Moody Blues ...
Quelqu'un arrivera bien à nous mettre cette pochette sur le forum ?
"Le patriotisme, c'est d'abord l'amour des siens. Le nationalisme, c'est d'abord la haine des autres" (Romain Gary)

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Stoker
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Message par Stoker »

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Guy Bonnardeaux
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Message par Guy Bonnardeaux »

2. Hail, Hail Rock ‘n Roll
Délivre moi des temps anciens
- Chuck Berry

Je ne pense pas qu’un autre mouvement musical que le Rock, sous toutes ses formes et déclinaisons, ait eu autant d’influence sur autant de gens pour devenir en fin de compte une musique planétaire.

Retour aux fifties …

Toujours pas de pick-up à la maison … C’est donc une fois encore par la radio et le cinéma que je l’ai découvert ce fameux Rock’n Roll qui constituait la bande son d’ un film avec Bill Haley. Je n’ai jamais été fan de ce chanteur à l’accroche-cœur et bien grimé mais Rock around the Clock ou See you later Alligator ont fait le tour du monde. Bill et ses Comets avaient su prendre le vent. Pendant ce temps-là, je l’ignorais encore, d’extraordinaires musiciens noirs jouaient du rock et du blues authentiques …

Je n’ai jamais vraiment pioché non plus le répertoire de ceux que la tradition regroupe généralement sous le terme de pionniers : Eddie Cochran, Gene Vincent, Ritchie Valens, Buddy Holy, Carl Perkins et d’autres.

Si certains de leurs disques figurent dans mon importante discothèque, je n’en ai retenu que quelques titres :

C’mon everybody – dont un groupe de la West Coast, Blue Cheer, va sortir une version psychédélique démente en 68 – ou Summertime Blues pour Eddie Cochran.

Not Fade Away – retravaillé plus tard à la manière de Bo Diddley par les Rolling Stones et un certain Dave Berry – pour Buddy Holy.

Be Bop a Lula bien-sûr par Gene Vincent.

Et l’énorme Blue Suede Shoes créé par Carl Perkins, un bijou dont il existe un nombre incalculable de versions. Celle qui figure sur l’album live de John Lennon et le Plastic Ono Band ( composé pour ce disque d’Eric Clapton, Klaus Voorman – ex membre de Manfred Mann et auteur de la pochette de l’ablum Revolver des Beatles – Alan White et Yoko Ono ) Live Peace in Toronto 1969, demeure celle que je préfère.

Jerry Lee Lewis m’attirait beaucoup plus par son jeu de piano. Mais j’ai surtout flashé sur Chuck Berry dont nous reparlerons plus loin tant il a influencé la plupart des groupes UK et des générations de musiciens.

G.I. Blues – encore le cinéma – fut mon premier contact avec Elvis Presley. Je l’aimais beaucoup au début. Il était l’archétype du rocker aux cheveux gominés et au jeu de scène évocateur ( Elvis the pelvis ! ). Plus tard j’ai vu Jailhouse Rock, Flaming Star et – j’avais enfin un tourne-disques – j’ai acheté l’un ou l’autre enregistrement. Le meilleur était un E.P. regroupant Ready Teddy/So Glad you’re mine/Anyplace is Paradise/Old Chap.

So Glad you’re mine est une composition du bluesman Arthur Crudup. La star montrait ainsi son intérêt pour un obscur injustement méconnu de la black music. J’ai encore collectionné quelques galettes du King par la suite pour finalement abandonner, déçu par les lamentables navets que son envahissant entourage lui faisait tourner et qui généraient des albums rassemblant à chaque fois une collection de mélodies insipides et nulles ( Fun in Acapulco, Frankie and Johnny, Kissin’Cousins, … no comments ! ). Le grand bonhomme avait cessé de me faire vibrer.

Quand, de passage à Las Vegas, j’ai vu dans une vitrine trônant au milieu du lobby de ce qui avait été l’International Hotel, le fameux costume de scène blanc à paillettes et dorures, dramatique exemple de mauvais goût, je n’ai pu que regretter ce que l’industrie du spectacle à l’américaine avait fait du grand chanteur qu’il était.

Il y avait un peu de flottement à cette époque. Si le Jazz voyait la sortie d’un nombre incalculable d’enregistrements fabuleux et la multiplication de concerts d’anthologie ( Sydney Bechet à l’expo universelle de Bruxelles en 1958 ou Cannonball Adderley avec Yousef Lateef – quel régal que ce morceau intitulé Gemini – sur le podium du regretté festival de Comblain-la-Tour ), la musique rock était un peu en veilleuse, à la croisée des chemins. Il fallait un détonateur, quelque chose d’original pour relancer la machine.

Autour de 1960 la mode du twist, lancée – un film une fois encore – par Joey Dee and the Starliters dans une petite trattoria de Little Italy à New York, le Peppermint Lounge, a eu beaucoup de retentissements. C’était une musique de danse aux paroles naïves qui sera sublimée par la suite par Chubby Checker et amplement adaptée par les yé-yés de nos douces contrées. A noter qu’un de ces disques d’époque sort de l’ordinaire, le rythme, la puissance du son de l’enregistrement y sont étonnants : Twist à Saint-Tropez a propulsé les Chats Sauvages et Dick Rivers dans le monde des idoles.

Mais nous étions quand même très loin de la Route 66 ! La musique devenait ron-ron, limite guimauve avec les Paul Anka, Pat Boone, Neil Sedaka ou autre Fabian. Ce n’était pas pour moi.

En Angleterre, les Shadows – accompagnateurs de Cliff Richard – faisaient de bonnes choses et influençaient nombre d’autres bons groupes internationaux comme les Spotniks, Ventures, Champions ou les excellents Fantômes. Vous vous souvenez de Twist 33 ?

En Belgique, les Cousins sortaient du lot et réalisaient de bons disques : Bouddah, Relax, The Robot … Ils avaient étonné avec un hit Kili Watch ( adapté par Hallyday, mais oui ) dont les paroles ne voulaient strictement rien dire, ce qui – à l’époque déjà – était parfait pour réussir en Flandre et en Wallonie en même temps !
Mon premier véritable choc, sans contestation possible fut l’irruption dans le calme ambiant de Vince Taylor. Là, j’ai vraiment accroché. Au personnage, à la voix, au look, à la touche personnelle qu’il apportait dans ses interprétations des classiques… Cet homme avait une pêche d’enfer.

Brian Maurice Holden alias Vince Taylor était né à Londres le 14 juillet 1939. Fin des années quarante sa famille émigre vers les Etats-Unis où Brian qui rêvait au départ d’une carrière d’aviateur, découvre Elvis Presley dont le succès l’impressionne et le décide à devenir chanteur. En 1958, il rentre en Angleterre d’où partira sa conquête de l’Europe avec le succès autant phénoménal qu’éphémère que l’on sait. Il marque très fort la scène des premières années soixante et tourne beaucoup avec son groupe, les Play Boys. Il laisse dans le grand museum des perles rares une superbe composition, un tube, Brand New Cadillac. Une chanson qui sera adaptée et mise à toutes les sauces par nombre de groupes comme les Clash, les Renegates …

En France, Eddy Barclay le prend sous son aile et sort un album 25 cm intitulé Le Rock c’est ça ! qui fera date. Suivra toute une collection de singles, E.P., … Taylor s’était façonné une image qui fascinait son public avec ses costumes de cuir et chaines dorées. Une image qui exaspérait les adultes alors qu’ il était pourtant tout le contraire d’un mauvais garçon, le look n’étant là que pour marquer les esprits.

Après 1965 il ne sera plus guère dans le coup. La concurrence était devenue on ne peut plus rude et de qualité. Une situation qui le plongera dans une profonde déprime et lui réservera une fin de carrière des plus tristes. Vince est décédé le 27 août 1991 à Lutry en Suisse. Il restera un jalon important sur mon chemin de l’initié…

Le monde avait changé à la vitesse grand V. La musique aussi. La mode également. Les individualistes devaient faire place aux groupes. Le Rock anglais avait tout balayé pour notre plus grand plaisir d’amateurs de musique et de bonnes vibrations.

La tempête qui soufflait d’Angleterre depuis 1963 secouait le monde musical, changeait la donne, ouvrait sur de nouveaux horizons, des aventures inédites et nous apportait pour longtemps bien des bonheurs …

( à suivre )
Modifié en dernier par Guy Bonnardeaux le lun. 14 janv. 2013 12:00, modifié 2 fois.

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cachi
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Message par cachi »

La suite, la suite Guy et n'oublie pas "Beyond the pale".
J'étais à Rotterdam en 2006 pour le concert avec le Danish National Orchestra. 37 ans après Montréal et 41 ans après Frisco (où je n'étais pas).
Souvenirs, souvenirs

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S.S.S.
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Message par S.S.S. »

Oui, la suite, Guy! :cheers:
J’ai tellement besoin de temps pour ne rien faire, qu’il ne m’en reste plus pour travailler (Pierre Reverdy)

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Back Door Man
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Message par Back Door Man »

Que de souvenirs :D
Merci Guy quel plaisir de se rappeler tout ça :D
C'est parce que la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son que certains ont l'air brillant avant d'avoir l'air con

https://www.flickr.com/photos/gildays/

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Guy Bonnardeaux
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Message par Guy Bonnardeaux »

3. Du Mersey Beat au Swingin’London… c’était le Rock anglais …

Please Please Me …

Je ne fais jamais rien comme tout le monde paraît-il, on me l’a assez répété. C’est vrai qu’adolescent, tellement imprégné par la Beatlemania, ambiante et l’ Englishrockpopmania ( soyons conquérants, inventons un mot qui dit bien ce qu’il veut dire, pourquoi pas ? ), j’étais très attiré par la langue de Shakespeare et pendant que d’autres s’adonnaient à nombre de jeux … – ce qui ne m’empêchait pas d’y jouer moi aussi … – je suivais à raison de deux fois trois heures par semaine, le soir, des cours approfondis d’Anglais intensif.

J’ai débuté cela vers l’âge de quatorze ans en parallèle à mes journées au lycée et j’en suis sorti quasi bilingue parfait, parlé comme écrit vers l’âge de dix-sept ans, nanti d’un beau prix, d’un non moins beau diplôme et d’une belle occasion de me plonger avec mon condisciple D. dans le chaudron bouillonnant du San Francisco de la Flower Power. J’ai résumé cette période dans un article consacré à Bob Morane dans le magazine Reflets. Je prendrai la liberté d’en réécrire l’histoire dans cette chronique le moment venu, pour celles et ceux qui ne lisent pas cet organe du Club.

Ne vous méprenez pas, je raconte tout cela sans prétention aucune, simplement parce que ce sont des aspects importants de mon parcours et que ma connaissance de l’Anglais – augmentée par la suite de celles de l’Allemand, de l’Espagnol comme de l’indispensable, pour nos contrées du nord, Nederlands – m’a valu également d’entrer tout droit, après un interview de quelques minutes, dans une grosse maison d’import-export d’où j’ai pris mon envol pour la suite de ma carrière professionnelle. Comme quoi finalement, les Beatles m’ont mené à tout … et c’est là que je voulais en venir.

Par contre, pour en revenir un instant à mes études secondaires générales, si j’étais abonné à un 10 éternel en Anglais et attiré par le Français, les langues germaniques, l’histoire, la géographie, tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec la littérature et le dessin, j’abhorrais – mais ils me le rendaient bien – les maths et les sciences… Un état de chose qui explique pourquoi, moi qui n’aimait pas l’école, j’y ai passé plus de temps que d’autres et ai dû la fréquenter le soir pendant des années, ma carrière entamée, pour rattraper le temps perdu … Je n’étais pas dans le moule … ce qui ne m’ empêche de vivre heureux, folks, ... avec une épouse scientifique elle, preuve supplémentaire que je ne fais rien comme tout le monde…

Et donc, constant dans mon aptitude involontaire à faire les choses autrement, la première chanson des Beatles que j’ai écoutée et aimée n’était pas l’original… mais bien l’adaptation française de Love Me Do par Dick Rivers ! Le disque se trouvait dans la sélection proposée par une de ces fabuleuses machines que l’on appelait Juke-Box. J’ai accroché tout de suite à la mélodie, à la simplicité des paroles, aux chorus d’harmonica et au grand coup de cymbale qui annonce la reprise du refrain vers la fin. Mais j’ignorais que c’était du Lennon-McCartney, what a shame, non ?

Par la suite je me suis bien entendu procuré l’original en achetant le premier album du groupe Please Please Me ( sorti le 22 mars 1963 ) qui m’a ouvert le cœur, les oreilles et les yeux et m’a élevé en adepte consentant vers un premier nirvana musical… Ma première mouture du disque était l’édition française du L.P. intitulée Beatles n° 1 avec une pochette bleue… qui, prêtée gentiment quelques années après à un copain en partance – en même temps, je m’en souviens très bien, que mon 45t Decca des Stones Little Red Rooster/Off the Hook – a fini ses jours au Congo…

Même si ce disque a été enregistré en une seule journée avec des moyens d’époque relativement limités, il s’en dégage une fraîcheur, un sentiment de perfection, un enthousiasme qui ne s’est jamais démenti en dépit des années. Cette compilation de premières chansons irradiait de qualité et de joie et annonçait, on le sentait bien, que quelque chose de grand allait suivre, l’une des plus belles aventures musicales et populaires du XXème siècle.

Nous étions cependant loin d’imaginer que l’arrivée des Beatles allait enclencher un mouvement général unique en son genre, l’ éclosion inattendue d’une foule de musiciens et de compositeurs aussi doués qu’inventifs, originaux et prolifiques. A partir de Please Please Me, il ne se passerait plus une semaine sans qu’un nouveau groupe ne nous surprenne en adoptant un son neuf truffé parfois de gimmicks bizarres tout en éveillant notre curiosité vis-à-vis de références comme l’un ou l’autre bluesman, folk-singer, soulman ou soulwoman U.S. encore méconnus chez nous en dehors de certains cercles de spécialistes.

De nouveaux noms apparaissaient tous les jours, les disques encombraient les bacs, des émissions radio proliféraient, des stations pirates naviguaient au large des côtes anglaises et tout un choix de journaux, revues, magazines s’offrait à notre soif d’en savoir plus. Malheureusement, l’état du porte-monnaie ne facilitait pas le suivi de tous ces trésors tous les jours et il fallait sélectionner, prendre ce qui voulait bien venir ou plutôt ce qu’on voulait bien nous acheter … C’était de toute manière une époque remarquable à laquelle les habituels adultes sceptiques, les ringards et les réacs ne prédisaient pas longue vie. Ils se trompaient, une fois de plus.

Au départ, le producteur George Martin, souvent considéré à juste titre comme le cinquième scarabée, avait envisagé de sortir un premier disque live, à enregistrer au Cavern Club de Liverpool, port d’attache du groupe, en guise de suite aux quelques 45 tours déjà diffusés. On peut le comprendre puisque les Beatles étaient d’abord connu des Liverpudlians qui assistaient aux gigs du club et lisaient le tout jeune fanzine Mersey Beat. Il est cependant heureux qu’il ait changé d’avis. On peut craindre en effet que le résultat n’eut pas été de la qualité de l’album studio Please Please Me, la technologie du temps n’aurait en effet sans doute pas été suffisamment performante pour enregistrer au mieux un concert dans une petite cave bruyante et en tirer une bande son convenable. On peut aussi se demander si le groupe aurait démarré comme il l’a fait sur une telle base.

Le travail en studio n’était pas un plongée dans l’ inconnu pour John, Paul et George qui avaient déjà enregistré lors d’un de leurs séjours allemands à Hamburg, à titre d’ accompagnateurs du chanteur Tony Sheridan. Pete Best était encore leur batteur à l’époque. Le disque, produit par le chef d’orchestre Bert Kaempfert n’a pas marqué les esprits. Il comptait cependant un traditionnel bien retravaillé My Bonnie qui a probablement joué un rôle dans la future carrière des Beatles. Le petit truc indispensable qui fait s’ébranler le train en quelque sorte. La légende prétend en effet que le 28 octobre 1961 un certain Raymond Jones s’est présenté au magasin de disques appartenant à Brian Epstein pour y demander le 45 tours My Bonnie par les Beatles. Le disque était inconnu mais le groupe jouissant d’une petite réputation à Liverpool, le futur manager des quatre ira les voir au Cavern Club et signera avec eux en décembre. L’album avec Sheridan compte plusieurs classiques américains – Let’s Dance, Ya Ya, What’d I Say mais aussi une composition prometteuse signée Harrison-Lennon, Cry For A Shadow. L’ensemble ne casse pas des briques comme on dit, il faut le reconnaître mais le disque demeure un témoignage intéressant sur l’époque de galère des quatre garçons dans le vent.

Avant l’album Please Please Me, le groupe avait sorti un single avec Love Me Do et P.S. I Love You en face b. Il s’était hissé à une honorable dix-septième place dans le hit parade anglais. Martin aurait préféré faire presser How Do You Do it, persuadé que cette chanson présentait le potentiel pour atteindre la première place. Mais les quatre préférant en rester à leur composition, How Do You Do it fut offerte à un autre groupe Mersey de l’écurie Epstein, Gerry and the Pacemakers, qui en firent un number one ! …

… Love Me Do avec P.S. I Love You en face b fut donc le premier quarante-cinq tours des Beatles et sortit le 5 octobre 1962. Il se plaça jusqu’en dix-septième position dans les charts anglais, résultat respectable mais aucunement bouleversant, d’autant plus que ce relatif succès était dû au fait que le manager des Beatles, Brian Epstein, en avait dit-on discrètement racheté dix mille exemplaires …
( rapporté par Mark Herstgaard dans A Day In The Life, Delacorte Press, N.Y. 1995. Edition française chez Stock sous le titre L’art des Beatles ).

Peu le savent mais Love Me Do n’est pas le plus beau souvenir studio de Ringo Starr. A l’instigation de Paul Mc Cartney ou de George Martin ( les avis divergent ), un batteur de studio lui avait été préféré pour sa partie, ne lui laissant que l’accompagnement au tambourin … Cela ne se représentera plus et le jovial Ringo tiendra bien les baguettes par la suite sur tous les disques.

Huit morceaux sont co-signés par John et Paul, ce qui est remarquable pour un premier album. Les Stones n’en ont pas fait autant. A l’époque, c’est amusant de le lire, les credits s’écrivaient Mc Cartney-Lennon. Dès le disque suivant le label Lennon-Mc Cartney sera définitivement adopté.

One, two, three, four ! et Paul lance la machine sur I saw her standing there, un rock bien charpenté, assuré à la perfection et déclinant déjà un texte où l’allusion, la suggestion, prétextes à interprétation souhaitée, sont présentes :

Elle avait juste dix-sept ans
Tu sais ce que je veux dire

Ce you know what I mean, une trouvaille d’écriture de John pour décrire la fille en question est source d’image et s’adresse à l’auditeur comme à un ami, un complice bien connu : tu sais ce que je veux dire … Ce sera souvent le cas avec les phrases aux multiples sens dont les deux compères, Lennon surtout, coloreront leurs lyrics au fil du temps.

I saw her standing there m’habitait tellement qu’à l’occasion d’un camp de vacances sportives j’avais convaincu quelques trublions rockers rencontrés de constituer une petite chorale pour le jour du départ. Nous interprèterions notre propre version de la chanson, réécrite ensemble – pour l’anecdote, la radio passait surtout l’adaptation française sortie par Johnny Quand je l’ai vue devant moi - en racontant une histoire de Mods et de Rockers. Succès assuré le jour du départ malgré l’étonnement de quelques moniteurs devant notre intérêt pour la musique plutôt que pour les brevets – que j’avais quand même obtenus j’ignore encore comment – de mérite sportif ! Oui, c’était de la Beatlemania …

Misery, Anna, Chains ( adapté par Sylvie Vartan sous le titre Chance … ), Boys ( hurlé par Ringo ), Ask Me Why, Please Please Me, Love Me Do, P.S. I Love You, Baby it’s you, Do you want to know A Secret ( dont d’autres protégés d’Epstein, Billy J. Kramer and the Dakotas, firent eux aussi un number one ) A Taste of Honey … et There’s A Place, une excellente chanson dans laquelle John Lennon évoque déjà ses mondes à lui, ceux dont il parlera dans bon nombre de titres personnels par la suite.


Il y a un endroit où je peux me rendre
Quand je me sens triste
C’est dans mon esprit

Quant à Please Please Me - John veut-il dire s’il te plait moi, regarde moi … ou fais moi plaisir … - était sorti en single avec Ask Me Why en face b, le 11 janvier 1963 pour devenir leur premier numéro un le 16 février.

L’ensemble constitue un programme de grande qualité tout au long des deux faces qui semblent conduire, préparer au morceau de bravoure qui clôt l’album, Twist and Shout. Au départ un succès des Isly Brothers mais qui est très vite devenu une chanson des Beatles à part entière, un hymne que le groupe a fait sien, avec des paroles très suggestives une fois encore :


Viens remuer tes hanches encore plus près
Et montre moi que tu es à moi

le tout sur un formidable tempo, ça remue et très fort.

… sans aucun doute, le moment le plus intense de cette séance d’enregistrement fut celui où John Lennon attaque Twist and Shout. On réserva cette chanson pour la fin parce qu’il aurait été impossible de revenir en arrière après l’enregistrement ( … ) rapporte George Martin
( …) John s’égosillait et dieu seul sait ce qu’enduraient ses cordes vocales quand il chantait cette chanson, parce que ça faisait un bruit de chairs qui se déchirent. Il fallait absolument que la première prise soit la bonne, je savais bien que, si on devait recommencer, ce ne serait jamais aussi bien … ( propos repris encore par Mark Herstgaard dans le livre déjà cité )

Comment des garçons aussi jeunes pouvaient-ils être bons à ce point ? Il est évident que les tournées épuisantes, les séjours dantesques à Hamburg où dans les boîtes de Sankt Pauli, sur la Reeperbahn, dans lesquelles ils devaient jouer du rock dur des heures et des heures durant ( les Allemands, phrase demeurée célèbre, leur criaient Mach Shau ! Du show, du spectacle ! ) ont forgé caractères, techniques et pratiques intrumentales. Il n’en demeure pas moins que si le succès dépend d’une petite dose de talent et de quatre-vingt dix pour cent de sueur et de travail, les quatre avaient fait une rencontre déterminante avec le talentueux George Martin et possédaient quelque chose de rare : le génie !


( à suivre )
Modifié en dernier par Guy Bonnardeaux le lun. 14 janv. 2013 12:02, modifié 3 fois.

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cachi
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You can't stop the Music playin'on ( ou petit voyage dans no

Message par cachi »

YES, le génie! Le génie d'être un et quatre à la fois, le génie de l'un n'étouffant pas le génie ou le talent de l'autre.
En dehors de toute polémique et compétition, les Beatles ont écrasé les Stones parce que même Ringo avait le droit de placer des compositions à lui sur ces galettes magiques de l'époque tandis que chez les Stones c'était la dictature Richard/Jagger et vice et versa.
Bon je coupe l'herbe sous les pieds de Guy et :jesors:

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