J'ai publié cet article consacré à Claude Vauzière dans Reflets n° 88, 4ème trimestre 2008.
Spoutnik 7 a disparu – MJ n° 167 – 1960
Couverture de Pierre Joubert et illustrations de Dino Attanasio
« - Ma foi, concéda-t-il, la rumeur publique relative à la présence de bombes H à bord des premiers satellites artificiels pilotés ne me semble pas dépourvue de tout fondement… » p. 7
Une réception mondaine bat son plein quand un engin spatial y « enlève » très diplomatiquement deux journalistes qui rejoignent ainsi des confrères déjà à bord.
Qui tire les ficelles ? Et, dans quel but ?
Nul autre que le Dalaï Lama lui-même et la Communauté des Sages qu’il dirige et qui regroupe des hommes, des femmes, des savants, des techniciens japonais, chinois, indiens, tibétains, européens…
« (…) Les soleils sanglants d’Hiroshima et de Nagasaki ont laissé leur marque de feu dans leur cœur et leur mémoire. A cette époque, émergeant de l’apocalypse, est née l’idée de la Communauté des Sages au sein de laquelle, depuis vingt ans , se groupent des savants, des chercheurs et des techniciens (…). Car nous avons compris – ces dernières années seulement ! – la nécessité absolue de sortir de la période contemplative pour entrer dans celle de l’action. » p. 25
Ces gens ne semblent que vouloir la paix et l’harmonie dans le monde…
« (…) nous avons décidé que les hommes devaient vivre en bonne intelligence ; et ils le peuvent si nul élément perturbateur ne vient distiller la haine et la discorde dans leurs rangs. Notre Communauté a les moyens de leur garantir cette sécurité. Nous allons donc – et pour longtemps, croyez-moi – unifier le monde qui sera désormais régi et gouverné par une technocratie efficiente et impitoyable pour les fauteurs de guerre. La science prendra les rênes du pouvoir, une science imbue de justice et de paix que nous saurons faire admettre et dont nous surveillerons la permanente intégrité. L’ère astronomique doit marquer les prémices d’un renouveau généralisé où des scientifiques, des savants, des techniciens, des agents de maîtrise et autres spécialistes capables remplaceront les orateurs verbeux dont les belles formules demeurent sempiternellement lettres mortes ! » p. 112
La Communauté des Sages sait que les satellites U.S. Lamsy I et russe Spoutnik 7 sont porteurs de fusées à ogives atomiques. C’est pour en témoigner devant le monde, grâce aux moyens techniques phénoménaux qu’elle a développés que la Communauté a « enlevé » les journalistes de renom dont nous parlions plus haut. Ils doivent aussi rendre compte à titre de témoins privilégiés des avancées scientifiques considérables de leurs hôtes…
S’ensuivra une série de péripéties passionnantes qu’il est préférable de laisser au lecteur (re)découvrir…jusqu’au final où la Communauté des Sages est prise pour cible à titre d’ennemi potentiel par les forces des deux grandes puissances, les U.S.A. et l’U.R.S.S., qui pour une fois s’entendent entre elles .. mais pour risquer de commettre une lamentable erreur… car le Péril Jaune n’est pas celui qu’on croit…
Trafic interstellaire – MJ n° 197 – 1961
Couverture de P. Joubert et illustrations de E. Aidans
« Le disque vert orange de Tzula – ou Antarès II – la seconde planète du système antarien, rapetissait graduellement dans l’espace. L’auréole diaphane de son atmosphère – parfaitement respirable pour les humains ou pour leurs homologues humanoïdes appartenant à d’autres espèces pensantes – commençait à dessiner un anneau lumineux, dégradé à sa périphérie. Déjà, Antarès, le soleil pourpre géant, semblait lui aussi s’éloigner, perdre insensiblement son aveuglante clarté, déconcertante au milieu de ce vide d’une noirceur d’encre.
Le Stars Rider, astronef-cargo-mixte affecté de longue date aux liaisons commerciales entre la Terre et Antarès II, avait décollé deux heures plus tôt. Sa masse trapue, inélégante, terne – rafistolée comme une vieille baderne, raillaient les mauvaises langues – avait quitté à seize heures locale l’astrodrome de Krolg-City, la capitale planétaire de Tzula… » p. 5
Deux associés et amis, notoriétés du commerce d’import-export, Frank Leiner et Robert Walton, sont à bord de ce vieux clou pour accompagner vers la Terre une cargaison importante de fourrures. Ils prennent un verre au bar en compagnie de deux dames rencontrées par hasard dans une coursive, Nancy Harland et Dora Stringfield, quand une patrouille de la Space Police arraisonne le Strars Rider pour arrêter les deux commerçants, sous l’inculpation de trafic de drogue…
Un histoire de fous pour les deux hommes. De retour sur Tzula, ils sont interrogés par un « vieil ami » qui ne veut pas croire en leur innocence ni en une quelconque machination et ils doivent se résoudre à prendre la fuite de manière rocambolesque. Aidés ensuite par leur ami de toujours, le Krolg Bajjath-Lungo, ils sont mis à l’abri – une façon de parler… - avec l’aide de Karla, sœur de Bajjath, dans la zone équatoriale mal connue des autorités. Une région habitée par des tribus primitives, peuplée d’animaux fantastiques et couverte d’une flore surprenante…
« Dehors, les rayons d’Antarès, encore assez bas sur l’horizon, incendiaient de fauve les crêtes des montagnes et paraient leurs flancs escarpés d’une teinte indigo. En contre-bas du chalet, le lac étalait ses eaux calmes, limpides, enchâssé comme une émeraude scintillante dans le cratère d’un ancien volcan. Ces tons céruléens et violacés qui coloraient le splendide paysage n’étaient pas sans rappeler aux fugitifs certain coucher de soleil sur les Montagnes Rocheuses, ces « Rockies » dont ils étaient en droit de se demander s’ils les reverraient jamais. » p. 59
Les deux hommes et leur compagne vont vivre des aventures étonnantes au milieu des tribus krolgs primitives. Il y aura Hlorna la sauvageonne et son amour intransigeant qui pèsera lourd sur les évènements… Il y aura aussi ces deux terriennes perdues dans la jungle qui ne sont autres que Nancy et Dora, cette dernière faisant les délices de l’appétit du carnivore R’Goltnak, arbre sacré… Beaucoup d’action, de drames, conduiront le lecteur vers la vérité lorsque les vrais auteurs du trafic seront démasqués.. On ne le lâche pas non plus cet excellent livre – parfumé à la violette… - dans lequel se mêlent au fil des pages Krolgs, Bourtlgourks, Shtailung, Noïkl, Kxuling… et autres Vr’lutz… Et puis méfions-nous toujours des Batoogshans de Rigel…
Echec aux Végans – MJ n ° 235 – 1962
Couverture de Pierre Joubert – pas d’illustration dessinée mais des photos
La fusée expérimentale américaine Thor Able Back 1 a inexplicablement disparu dans les forêts d’Amazonie. Pourquoi ? Comment ? Du fait de qui, l’U.R.S.S. ?
Pour le savoir et retrouver l’engin, une expédition est immédiatement mise sur pied par les Etats-Unis et envoyée sur place. Sous couvert de recherches scientifiques et d’exploration, un groupe d’hommes choisis part de Manaos pour tenter de tirer au clair les évènements qui ont pour cadre la région supérieure du rio Roosevelt, une contrée encore très sauvage, mal connue et peuplée d’Indiens Cayapos en général hostiles à l’égard des Blancs…
Avant de quitter Manaos, le commando rencontre une journaliste brésilienne délurée, Manuela Rojas, qui tiendra un rôle inattendu et primordial par la suite, dans l’enfer vert…Et toujours avant de quitter Manaos, les « explorateurs » apprennent qu’une équipe tchèque ( ? ) les a devancés. Tchèque ou russe, l’équipe ?
« A cette allure, l’embarcation avait remonté le Madeira – affluent du rio Negro, à quelques 150 kilomètres à l’est de Manaos – pour pénétrer ensuite dans le rio Roosevelt, toujours plus au sud, toujours plus avant dans la forêt étouffante qui dressait sur les rives ses impénétrables murailles vertes constellées parfois d’innombrables perroquets au plumage haut en couleur. » p. 41
Beaucoup de monde s’agite dans la Selva : des Indiens Cayupos dont certains ont un comportement des plus agressifs, d’autres qui se laissent amadouer et rendent des services, une équipe russe – et non tchèque – décimée et qui était elle aussi à la recherche d’une fusée, originaire d’U.R.S.S. celle-là, disparue de la même manière que Thor Able Back 1… Alors qui est coupable ? Qui est le troisième larron dans toute cette affaire ?
Déjà entendu parler des Végans ?
Un superbe roman, encore !
L’héritage des Templiers – MJ n° 299 – 1965
Couverture de H. Lievens – Une carte en illustration
Quatrième roman pour MJ de Claude Vauzière qui y aborde un monde bien différent de celui de l’anticipation des trois premiers livres.
Une chasse au trésor. Un trésor des Templiers de surcroît au Monastier près du Puy-en-Velay… Un univers qui passionne beaucoup d’entre nous depuis toujours ( peut-être parfois depuis ce numéro de junior ). Qui n’a en effet jamais rêvé de déchiffrer les signes et les rebus de vieux grimoires, templiers ou autres, et de partir à la recherche d’un fabuleux trésor ?…
Le professeur Hippolyte Fabregoule, archéologue spécialisé dans l’étude de la cryptographie templière est en possession de la moitié d’un parchemin faisant référence à un trésor templier. Il obtient, dans des circonstances particulières, une copie de la partie manquante du document mais dans le même temps, devient la cible de deux bandes rivales dont la cupidité ne fait aucun doute.
Sauvé d’un attentat par un voisin, l’électronicien Jeff Mauroy et ses amis :
« Quatre amis inséparables qui, douze an plus tôt, s’étaient connus en Indochine, où les hasards de la guerre les avaient réunis, au sein d’un même commando parachutiste. Scellée dans cette indissoluble fraternité d’armes que confèrent mille périls chaque jour partagés, leur amitié était pour eux le bien le plus précieux au monde. » p. 6
dont le professeur Fabregoule se fait des alliés pour partir à la recherche du fabuleux trésor évoqué dans le texte étudié.
Cela n’ira pas tout seul, bien entendu, et Claude Vauzière nous offre un roman d’aventures et de découvertes épatant.
Et que débordent des coffres, lingots, bijoux, joyaux, bagues, bracelets, cascades de pierreries, écus, Grands Florins d’Or, ducats, …
Claude Vauzière est l’un des nombreux pseudonymes ( avec Claude Rostaing, Jimmy G. Quint, etc… ) utilisé par le célèbre Jimmy Guieu ( merci à notre ami Jean-Yves Freyburger pour son information ), auteur fécond s’il en est, notamment de SF au Fleuve Noir, dans cette collection mythique Anticipation. Les plus anciens d’entre nous connaissent et pour beaucoup apprécient cet écrivain, ce qui suit s’adresse donc plus particulièrement aux plus jeunes qui voudraient le découvrir.
Henri-René Guieu est né le 19 mars 1926 et nous a quitté le 2 janvier 2000.
A 25 ans, il publie son premier roman au Fleuve Noir, le pionnier de l’atome, une maison pour laquelle il n’écrira pas moins de 82 livres. Pour les amateurs, Artima ( encore une belle collection, née à Roubaix : vous vous souvenez de Météore ou encore de Tarou et d’autres ?… ) a édité sous forme de BD, une partie importante de ses œuvres.
Il s’est bien entendu illustré dans de nombreux autres domaines que la SF et a aussi trouvé le temps de réaliser une série de documentaires vidéo consacrés à de multiples sujets comme les extra-terrestres ou le mystère de Rennes-le-Château pour ne citer que ceux-là.
Il faudrait des pages et des pages pour évoquer cet auteur prolifique et multiple de manière ( presque ) complète mais la place nous manque ici et nous ne pouvons dès lors que suggérer au lecteur passionné ou simplement curieux de visiter les nombreux sites qui sont consacrés sur internet à Jimmy Guieu.
Cliquer sur les images.
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Guy Bonnardeaux